Trahison des clercs (1927- )

Term originally used by the French philosopher and novelist JULIEN BENDA (1867-1956) to describe the betrayal of intellectual values by the right wing.

More generally, intellectuals by allying themselves too closely with government, states, or political parties betray the independence which is essential if they are to contribute to public discussion.

Source:
Roger Scruton, A Dictionary of Political Thought (London, 1982)

La Trahison des clercs1 est un ouvrage de Julien Benda paru initialement en 1927 et réédité en 1946 avec une longue préface de l’auteur, et réédité depuis lors plusieurs fois et en plusieurs langues.

À une époque où de nombreux intellectuels et artistes se tournaient vers la politique et les idéologies, Julien Benda leur reproche de se détourner des valeurs cléricales, c’est-à-dire la recherche du beau, du vrai, du juste, et qui sont pour lui statiques et rationnelles. Cet ouvrage vise plus particulièrement les intellectuels qui prônent l’ordre, un État fort, en particulier les intellectuels fascistes ou nationalistes des années 1930, mais aussi les communistes. Il reproche particulièrement aux écrivains “engagés” de prétendre servir ces valeurs (le vrai, le juste) alors qu’ils servent une idéologie. C’est en cela que consiste leur “trahison” : ils tiennent un discours qui se veut désintéressé et rationnel, alors que celui-ci est fondé sur des émotions idéologiques et non sur la raison. Il défend le clerc, adepte de l’activité libre et désintéressée qu’est le simple exercice indépendant de la raison. Et s’il admet que celui-ci s’engage en politique, il soutient que ce ne doit être qu’au nom des valeurs morales absolues, statiques qu’il défend, et non en soutien à un mouvement politique et à son idéologie.

Ce livre peut être lu comme un manifeste de méfiance face aux idéologies et aux idéologues qui ont dominé les xixe et xxe siècles. Il valut à son auteur d’être attaqué très violemment par la quasi-totalité des intellectuels de son temps, à l’exception de la Nouvelle Revue française qui fera de lui un de ses journalistes politiques phares jusqu’en 1940.

C’est un essai très critique envers le nationalisme réactionnaire français des années 1930, dont il analyse longuement les racines et démonte patiemment l’argumentaire. Cette critique va même au-delà, attaquant le concept même du nationalisme, et préparant le terrain pour un autre ouvrage fameux de Benda, le Discours à la Nation Européenne.

One thought on “Trahison des clercs (1927- )

  1. Earl Collen says:

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